Comment les technologies de l’Internet des objets soutiennent-elles l’achat local
- par Roger Léger
- /
- 2018-08-28 10:08:08
- /
- Réseau francophone de l'Innovation
- /
- 2152

Par Roger Léger, Directeur des communications, Consortium Innovation
Publié par Journal l'Édition des gens d'affaires, Août 2018, page 7
Parce que les Québécois aspirent à une consommation plus responsable et que les résultats de ces dernières années montrent clairement une volonté chez les consommateurs de repenser les modes de vie et de consommation (Observatoire de la consommation responsable ESG UQAM, Baromètre de la consommation responsable - édition 2017, page 3), les technologies de l’IoT peuvent apporter un élément de solution.
Comment le virage numérique, et plus particulièrement les technologies de l’Internet des objets (IoT), peut-il cohabiter avec le concept d’achat local ? À premier abord, l’Internet des objets est par définition un moyen technologique et numérique, et peut apparaitre incompatible avec le concept d’achat local, dans lequel l’agroalimentaire fait figure de proue.
En y regardant de plus près, plusieurs des moyens utilisés pour valoriser l’achat local, tel que l’étiquetage, la coopération entre producteurs, détaillants, fournisseurs et distributeurs et la promotion par le biais de différentes plateformes, sont autant d’éléments de la chaîne de valeur et logistique qui tirent déjà profit de l’utilisation de l’Internet des objets dans un contexte d’achat local.
À titre d’exemple, la Division agricole de La Coop fédérée, laquelle a remporté le Mercure Développement d’une technologie web ou mobile, catégorie grande entreprise, lors de la dernière édition du concours Les Mercuriades, représente bien comment l’Internet des objets et l’achat local se sont combiné vers un virage numérique réussi appliqué au secteur alimentaire. Comptant sur des technologies de pointe, les données ouvertes, l’analytique et l’implication des utilisateurs, leur plateforme AgConnexion, qui regroupe tous les outils de gestion de la ferme dédiés aux producteurs agricoles, permet une réduction de 80 % du temps passé à relancer les clients, un meilleur accès à divers documents et une rentabilité accrue de près de 10 % sur certains segments. De quoi favoriser la commercialisation (et la distribution), tant locale, régionale qu’à l’international !
En ce qui a trait aux autres domaines, comme celui du secteur manufacturier, 55 % des entreprises savent que l’industrie 4.0 est une nouvelle révolution industrielle alors que le faible niveau de maturité technologique est révélé par 75 % des entreprises, lesquelles exploitent des processus manuels ou soutenus par des outils non intégrés (CEFRIO, Industrie 4.0 — Enquête auprès des entreprises manufacturières du Québec, Rapport d’analyse effectué pour le compte du Ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, juin 2017) . Malgré le soutien fiscal vers les filières innovantes du secteur manufacturier comme la fabrication additive 3-D, l’Internet des objets n’est pas encore évalué à sa juste mesure et les entreprises n’ont pas toutes embrassé cette transition.
Or, sans trop vouloir pousser la comparaison, les trois facteurs les plus importants pour les consommateurs lors de l’achat d’un produit ou d’un service (Ipsos Marketing, Omnibus Web, Grandes tendances de consommation, Sondage commandé par la Banque de développement du Canada, septembre 2013), à savoir 1 — payer le moins cher possible, 2 — acheter un produit de marque reconnue et 3 — acheter un produit bon pour la santé pourraient également être les facteurs considérés par les entreprises dans leur réflexion pour favoriser le succès de leur virage numérique en utilisant l’IoT : Des solutions reconnues, à moindres coûts et bonnes pour la santé financière de l’entreprise.
Également, par le biais de leurs stratégies d’approvisionnement et la mise à disposition de locaux pour les micromanufacturiers, les villes et municipalités pourraient soutenir les mesures fiscales via des programmes d’achat local ou vitrines technologiques, tels que « Fabriqué à Montréal » (voir Neoshop Montréal; madeinmontreal.org ; builtinmtl.com), tel que l’avait recommandé la Commission sur le développement économique et urbain et l’habitation portant sur l’avenir du secteur manufacturier à Montréal en 2016 (R20), ainsi que le réseau collaboratif Consortium Innovation par le biais des recommandations contenues dans son livre blanc.
En conclusion, les technologies de l’Internet des objets, insérées en amont pour une multitude d’industries, ont le potentiel de générer des données, de l’intelligence et de la valeur. Pour les consommateurs, une meilleure gestion de la production/fabrication en amont devrait pouvoir se refléter par un meilleur prix à l’achat… local !